30ème jour de vélo : Lundi 24 Juin – Donaueschingen à Tuttlingen - Grosse chaleur avec vent faible défavorable

La nuit a été quelque peu agitée. Il faut savoir que le terrain où nous campons est situé en contrebas d’une voie ferrée qui se trouve donc à environ… trois mètres de notre tente ! Le dernier train ne passe pas trop tard mais les premiers n’attentent pas cinq heures du matin pour passer avec fracas, quand ils ne cornent pas à fond la caisse ! Bref un régal. Nous avons d’ailleurs une pensée pour nos amis cheminots, principalement à Pierre, et donc, nous lui conseillons cette étape lors d’un prochain voyage.

Après un petit déjeuner échelonné, nous partons tous les trois en voiture avec les vélos pour Donaueschingen, située à 35 km de Tuttlingen. Comme son nom l’indique c’est au cœur de cette ville que le Danube (en Allemagne on le nomme Donau) prend sa source officielle. C’est une résurgence mise en scène entre l’église baroque Saint Jean et le château des Princes de Fürstenberg. En effet c’est un bassin circulaire entouré de grilles élégantes et de bancs de pierre aux dossiers sculptés surplombés de balustres. Une grande statue représente la « Mère Baar » (du nom de la région) et un enfant figurant le jeune Danube. Nous jetons des pièces en formant des vœux et faisons de nombreuses photos de ce lieu emblématique avant de poursuivre à pied la visite du centre historique.

Nous y remarquons une belle fontaine dédiée à Diane Chasseresse devant la célèbre brasserie Furstenberg puis une autre plus modeste à l’effigie de Hansel, un personnage emblématique du carnaval de la ville. C’est une forte tradition ici puisqu’il y a même un musée du carnaval à Donaueschigen. Nous admirons également l’église protestante d’un style plus sobre que l’autre, avec même un petit air montagnard avec ses toits de tuiles rouges.

Il est l’heure de manger aussi nous nous installons en terrasse au Café Vivaldi pour un repas à l’italienne, arrosé de la fameuse bière locale citée plus haut. Ensuite il faut se séparer : les garçons partent à vélo tandis que Laurence prend la voiture. Elle part s’installer à l’ombre des arbres au bord d’un pré fauché, sur les hauteurs de la ville pour y croquer une jolie vue sur la petite commune de Hüfingen.

Les sources du Danube, à Donaueschingen, prêtent toujours à polémique. Aujourd’hui encore, la confusion règne sur la source réelle à laquelle il faut attribuer la paternité du fleuve. Qu’à cela ne tienne pour les touristes de l’eurovélo 6 que nous sommes, la seule chose qui compte est la promesse du fleuve. Lorsqu’il commence à rouler ses premiers galets, direction Geisingen, le Danube est parti pour une immense aventure transeuropéenne. Près de 3000 km de méandres et de longs détours paresseux qui lui feront voir huit pays avant qu’il finisse par mêler ses eaux à celles de la mer Noire !

L’intérêt du Donau-Radweg est là. Même si le fleuve doit changer plusieurs fois de nom pour atteindre son delta (Donau, Duna, Dunav), aucun risque d’erreur sur l’itinéraire suivi comme sur le but du voyage. Il n’y a qu’à se laisser aller, en suivant la pente, modeste du « boulevard » danubien. Moins de 700 m de dénivelé en tout sur les 2800 km du parcours, mais sans autre souci que de suivre les flèches, les panneaux signalétiques de ce que les Allemands appellent à juste titre « la plus longue piste cyclable du monde » !

Nous traversons d’abord la campagne où les tracteurs s’empressent de retourner le foin avant de le rentrer. Les cigognes en profitent pour paître et nourrir leurs petits. Nous suivons toujours de près ou de loin le Danube, la route et la voie de chemin de fer. Dix kilomètres avant Tuttlingen, notre arrivée du jour, le Danube nous paraît vraiment petit alors que jusque là, il était déjà large pour être si près de sa source. C’est qu’il prend sa source au confluent de deux rivières, la Brigach et la Breg (on dit là-bas que la Brigach et la Breg mettent le Danube en route). S’il devient si petit alors, c’est qu’il s’écoule en partie dans des cavités souterraines. Il n’est pas rare en été et en automne de le voir à sec dans cette partie. Comme pour la Loire à vélo, l’appellation ici et le Donau-Radweg (Donau in Deutschland).